Le stress ne sauvera pas le monde (et toi non plus)

Tu es activiste, thérapeute, coach, tu travailles dans l'ESS ou comme je l'étais tu es architecte engagé: tu veux sauver la planète, lutter contre les inégalités, créer des bâtiments plus respectueux du vivant, bref : faire un truc qui compte ? Génial. Sauf qu’il y a un piège dans lequel 90 % des gens engagés tombent la tête la première : ils se crament.

Pourquoi ? Parce qu’ils bossent comme des damnés, à grands coups de stress et de nuits blanches, persuadés que leur épuisement est une preuve de leur engagement. Spoiler : ce n’est pas le cas. Se sacrifier sur l’autel du bien commun, c’est juste une façon classe de dire "je suis en burn-out, mais c’est pour une bonne cause".

Alors aujourd’hui, on va parler d’un concept radicalement subversif : et si tu faisais les choses bien, sans que ton corps soit en mode panique 24/7 ?

Le problème avec le stress (et ton illusion d’efficacité)

On va être clair : ton cerveau fonctionne comme un iPhone 4. Il peut gérer pas mal de trucs en même temps, mais dès que tu lui balances trop de notifications, il commence à bugger.

Le stress, c’est littéralement ton système nerveux en train de te hurler :

"Yo, on est en danger ! Soit on fuit, soit on tape, mais ON ARRÊTE DE RÉFLÉCHIR !"

Résultat : tu es tendu·e, fatigué·e, irritable, et tu te mets à oublier des trucs essentiels (comme manger autre chose que du café et des biscuits secs). En gros, tu penses que tu bosses mieux, alors qu’en fait tu bosses juste plus mal, mais plus longtemps.

Le neuroscientifique Stephen Porges, spécialiste de la Théorie Polyvagale, explique que :

« Notre capacité à être créatif et à interagir avec les autres dépend de notre état physiologique. Un corps en stress, c’est un cerveau en mode survie. »📖 Son livre ici

Autrement dit : si ton taf consiste à imaginer un futur plus cool, arrête d'agir comme si t'étais coincé dans une apocalypse zombie.

Pourquoi "se cramer pour la cause" est un énorme contresens

Si ton rêve, c’est un monde plus apaisé, plus juste et plus inclusif, alors devine quoi ? Il faut que tu vives ces valeurs.

Parce que sinon, tu fais juste copier-coller des dynamiques toxiques en changeant le logo.

Se tuer à la tâche en mode capitaliste hardcore, sauf que c’est pour l’écologie ? Toujours du capitalisme hardcore.
Perdre tes nerfs pour une cause "juste" ? Toujours une réaction de peur.
Travailler comme un acharné en oubliant de vivre ? Toujours un cycle d’exploitation, juste avec une mission plus noble.

Ce n’est pas en prêchant la paix avec un flingue que tu vas changer quoi que ce soit. Si on veut un monde plus équilibré, il faut commencer par nous-mêmes.

Comme le dit Bessel van der Kolk, expert du trauma :

« Être bien dans son corps est la première étape pour être bien dans sa vie et dans ses relations avec les autres. »📖 Son livre ici

3 techniques somatiques pour arrêter d’être une cocotte-minute sur pattes

Puisque ton système nerveux est plus sensible qu’un chat stressé dans un aéroport, voici trois techniques simples pour te réguler et arrêter de foncer droit dans le mur.

1. Pour se réveiller avec un cerveau branché sur "joie" 😃

Méthode : Respiration activante + secousses

Lève-toi et secoue ton corps (oui, comme un chien qui sort de l’eau).
Inspire profondément par le nez, souffle fort par la bouche.
Monte les bras en inspirant, relâche tout en soufflant.

Pourquoi ça marche ?Ça envoie le signal à ton corps "Hé, c’est bon, la journée peut commencer, pas besoin de me traîner jusqu’au café comme une larve."

📖 Peter Levine en parle ici

2. Pour éviter l’explosion en pleine journée 💥

Méthode : Respiration en cohérence cardiaque (aussi connue sous le nom de "hack du système nerveux")

Inspire 5 secondes, expire 5 secondes.
Fais ça pendant 5 minutes (oui, c’est long, mais moins que de péter un câble sur ton collègue).

Pourquoi ça marche ?Parce que ton cœur et ton cerveau se calment. Et comme le dit David Servan-Schreiber, spécialiste du stress :

« L’état de calme vient d’un cœur régulé. Respire lentement, et ton stress disparaîtra plus vite qu’un politicien face à une question gênante. »📖 Son livre ici

3. Pour lancer la phase "repos et digestion" le soir 🌙

Méthode : Auto-bercement + respiration longue

Allongé, balance doucement ton torse de gauche à droite.
Inspire 4 secondes, expire 8 secondes (le double à l’expiration, toujours un bon plan).
Mets une main sur ton ventre, respire dedans, et sens le relâchement arriver.

Pourquoi ça marche ?Le bercement, c’est un hack naturel du système nerveux parasympathique. En gros, c’est le bouton "off" pour ton état de stress.

📖 Stephen Porges en parle ici

Conclusion : tu peux être un·e activiste ET te sentir bien dans ton corps

Si tu veux être efficace dans le temps, arrête de fonctionner en mode guerre totale. Personne n’a changé le monde en étant un zombie surmené.

Tu veux plus de paix dans le monde ? Sois plus en paix avec toi-même.
Tu veux plus d’inclusivité ? Inclus-toi dans l’équation.
Tu veux un changement durable ? Commence par ne pas t’auto-détruire.

Et si quelqu’un te dit que "le vrai militantisme, c’est le sacrifice", rappelle-lui que même Gandhi prenait le temps de marcher et de respirer.

Alors va secouer ton corps, prends une vraie respiration et arrête de croire que le stress est un super-pouvoir. Ce n’est qu’un raccourci vers l’épuisement.